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Histoire Ordinaire d’un Con
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Il vivait dans la grise banlieue d'une ville grondante et fumante. C’était un endroit puant et malsain ou le moindre bruit, en ricochant sur les hautes façades, devient le tonnerre. Un de ces lieux ou les gens apprennent vite à se détester d’être trop les uns sur les autres. Il avait passé toute sa vie dans une usine proche et ne connaissait du monde que son quartier. Entre l’usine, son logement, son jardin, le super-marché se déroulaient les itinéraires de ses habitudes jalonnées de crottes de chien et parfois de quelques nouveaux graffitis. Bien sûr, il avait fait quelques voyages avec le CE. Mais sa conquête de l’en-dehors s’était limité aux boites à touristes, aux restaurants, aux spectacles les plus artificiels. Ces excursions l’avaient plus dégoûté qu’autre chose de la vie ailleurs et s’était chaque fois le cœur léger qu’il avait repris le chemin de l’usine. Sa femme soumise, son jardin, ses quelques connaissances superficielles pour des petits mots rapides et sans consistances, son chien, gros comme un porc, tout cela constituait pour lui un cocon de réussite sociale, de bien vivre, et même de savoir- vivre. Son chien mourut sous les pneus d’un camion, un matin ou il savourait follement quelques minutes de liberté. Sa femme mourut d’un mauvais cancer qui lui rongea longuement et méthodiquement les tripes. Et lui, par un soir d’hiver, se pendit par le cou au sommet d'une armoire après s’être saoulé, masturbé et avoir douloureusement pleuré sur la vie des cons.
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