Un court poème pour un ami

 

 

Je réserve toujours mes mots de vérité,
A ceux qui m’accompagnent, à ceux qui m’ont aimé.
Les autres n’ont que faire de ma sincérité.
Ces mots sont mon trésor, je te les ai gardés.

Ami

Il y a bien vingt ans, déjà, qu’on se connaît,
Et jamais jusqu’alors je ne t’avais parlé,
Cœur à vif, cœur saignant, palpitant, arraché,
Pour te dire, ignorant, ce que j’y tiens caché.

Les sillons de nos vies se sont souvent croisés,
Scrutant l’âme de l’autre, mélangeant nos idées,
Associant nos langages, amendant nos pensées,
Mesurant l’un en l’autre nos abîmes inversés.

Tour à tour esquivant nos étranges reflets,
Ou bien les absorbant en tortueux ballets.
Qu’avons-nous l’un à l’autre su vraiment nous donner ?
Des chaleurs de colère et des douceurs de paix.

Mon allier, tu le fus en quelques circonstances,
Mon ennemi, souvent, feignant l’indifférence,
Engouffrés dans nos cœurs d’insondables silences,
Détracteurs, opposants, allant jusqu’à l’offense.

Frère étrange, adversaire, autant qu’alter ego,
Ami, oui, nous le sommes, peut-être parfois trop,
Travaillant avec rage à accorder nos mots,
Mais sans jamais vouloir partager nos fardeaux.

Alternant dans ta danse, affection et défiance,
Personne comme toi n’a eu cette distance,
Si tu m’as, bien des fois, accordé ta confiance,
Jamais tu ne m’offris ton cœur nu sans défense.

Tu parus accepter mon incompréhensible,
Gardien silencieux de mes secrets intimes,
Tu me jugeas, sans doute, absurde, même risible,
Sur le seuil, immobile, observant mes abîmes.


N’est-ce pas l’attitude qu’on attend d’un ami ?